Chambres à gaz "détail" de l'Histoire: Jean-Marie Le Pen attend son jugement

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Nouvelle sortie nouveau jugement. La justice se prononce mercredi sur les propos de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz, "détail" selon lui de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, thème récurrent depuis 30 ans dans la bouche de l'ancien président du Front national.

Le parquet a requis au moins 30.000 euros d'amende contre le cofondateur du parti d'extrême-droite, "négationniste récidiviste", poursuivi devant le tribunal correctionnel de Paris pour contestation de crime contre l'Humanité.

Jean-Marie Le Pen a déjà été condamné à deux reprises, au civil, par la justice française pour ces propos, tenus pour la première fois en 1987.

Condamnés par sa fille Marine qui lui a succédé à la tête du FN, ces propos, entre autres, avaient entraîné la suspension - ensuite annulée par la justice - de Jean-Marie Le Pen du parti qu'il a longtemps incarné, puis son exclusion.

Ils remontent au 2 avril 2015. Au journaliste Jean-Jacques Bourdin qui lui demandait s'il regrettait d'avoir qualifié les chambres à gaz de "détail", Jean-Marie Le Pen avait répondu: "Pas du tout. Ce que j'ai dit correspondait à ma pensée que les chambres à gaz étaient un détail de l'histoire de la guerre, à moins d'admettre que ce soit la guerre qui soit un détail des chambres à gaz".

Le journaliste l'avait alors relancé, demandant si "des millions de morts" pouvaient être qualifiés de "point de détail". "C'est pas un million de morts, c'est les chambres à gaz", "moi je parle de choses précises. Je n'ai pas parlé de nombre de morts. J'ai parlé d'un système. J'ai dit que c'était un détail de l'histoire de la guerre", avait insisté l'ancien leader frontiste.

- "J'espérais qu'il arrêterait en vieillissant" -

A l'audience de la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, le 10 février, Jean-Marie Le Pen n'avait pas fait le déplacement. Il avait mandaté son avocat François Wagner pour soulever son immunité de parlementaire européen, mais pas au-delà.

Argument rejeté par les parties civiles et le parquet, qui avait rétorqué que cette immunité ne pouvait être opposée que face à des mesures coercitives et que les propos poursuivis étaient indépendants de la qualité de parlementaire du prévenu.

Isabelle Choko, survivante d'Auschwitz à l'âge de 15 ans, elle, avait fait le déplacement au palais de justice, pour témoigner.

"J'espérais qu'il arrêterait en vieillissant", "qu'il devienne un homme, un être humain", avait-elle déclaré, tout en confiant qu'elle avait néanmoins "toujours l'espoir".

"Plein de mépris pour les victimes", Jean-Marie Le Pen vient "minimiser", "banaliser", les chambres à gaz, avait estimé la procureur Anne Coquet.

La magistrate s'en est prise au choix de Jean-Marie Le Pen de "ne pas répondre de ses propos face au tribunal", où il vient "parfois" quand c'est lui qui poursuit, mais "jamais lorsqu'il est prévenu", et de "se poser en victime".

Parmi les avocats des associations parties civiles, Mario Pierre Stasi, pour la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), s'en était pris au "vieux délinquant" qu'est selon lui Jean-Marie Le Pen. Il a notamment demandé au tribunal d'ordonner la publication d'un communiqué judiciaire sur le compte Twitter du cofondateur du FN. Et a égratigné au passage Jean-Jacques Bourdin qui selon lui "va chercher le délit".

Pour son confrère Stéphane Lilti, pour l'Union des étudiants juifs de France, Jean-Marie Le Pen a "prémédité cette provocation". Et ce à des "fins bassement politiques", pour entraver "l'entreprise de toilettage" engagée par sa fille Marine, qui s'efforce de "planquer sous le tapis les pétainistes, les néonazis" qui "constituaient la base du Front national".