Arrêt des soins de Vincent Lambert: le président des évêques de France se méfie d'une "décision humaine"

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Le président élu de la Conférence des évêques de France (CEF) a fait part lundi de ses réserves sur toute "décision humaine" dans l'affaire Vincent Lambert, dont les soins doivent être interrompus à partir du 20 mai sur décision médicale et contre l'avis de ses parents.

"Face à de telles situations, aucune décision humaine ne peut être assurée d'être parfaite, ni même d'être la meilleure", indique dans un communiqué Eric de Moulins-Beaufort, par ailleurs archevêque de la ville de Reims où est hospitalisé M. Lambert, tétraplégique en état végétatif depuis un accident de voiture en 2008.

A l'issue d'une longue bataille judiciaire, le Conseil d'Etat a conclu le 24 avril que les "différentes conditions" légales à l'arrêt de sa nutrition et de son hydratation étaient réunies, ouvrant la voie à un décès médicalisé afin d'éviter un "acharnement thérapeutique".

En conséquence, son médecin a annoncé vendredi à la famille de cet ancien infirmier l'interruption des traitements à partir du 20 mai, malgré l'opposition des parents qui en appellent désormais au président de la République et à la justice internationale.

"La situation médicale et humaine de M. Vincent Lambert est singulièrement complexe. Déterminer la prise en charge adaptée dans son cas n'est pas simple", convient M. de Moulins-Beaufort, qui prendra ses fonctions à la tête de la CEF le 1er juillet.

"Une société doit savoir faire confiance au corps médical et respecter la décision collégiale des médecins engageant leur responsabilité professionnelle et humaine ; les médecins, de leur côté, doivent accepter de prendre en compte les avis des proches et de nourrir leurs décisions d'une réflexion éthique", ajoute-t-il dans son communiqué.

Le futur président des évêques de France met toutefois clairement en garde contre toute intervention humaine dans ce dossier, devenu emblématique du débat épineux sur la fin de vie en France.

"C'est l'honneur d'une société humaine que de ne pas laisser un de ses membres mourir de faim ou de soif et même de tout faire pour maintenir jusqu'au bout la prise en charge adaptée", précise le prélat.

"Se permettre d'y renoncer parce qu'une telle prise en charge a un coût et parce qu'on jugerait inutile de laisser vivre la personne humaine concernée serait ruiner l'effort de notre civilisation", ajoute-t-il, affirmant "prier" pour que la France ne s'engage pas sur "la voie de l'euthanasie".