Le massacre de Srebrenica, la pire tuerie en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale

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Le massacre de Srebrenica, pour lequel la Cour suprême des Pays-Bas a jugé vendredi que l'Etat néerlandais n'avait qu'une responsabilité "très limitée", reste la pire tuerie commise en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Au total, près de 8.000 hommes et garçons musulmans ont été tués au cours du massacre en juillet 1995.

Il s'agit de l'une des pages les plus noires de la guerre de Bosnie, qui a coûté la vie à environ 100.000 personnes et a laissé 2,2 millions de personnes sans abri.

- Ce qu'il s'est passé -

Déclarée "zone de sécurité" en avril 1993 par l'ONU, l'enclave de Srebrenica, à majorité musulmane, dans l'est de la Bosnie, est assiégée par les forces armées des Serbes de Bosnie le matin du 11 juillet 1995.

La ville compte alors 42.000 habitants, dont 36.000 réfugiés.

Les Casques bleus néerlandais, faiblement armés et sans soutien aérien, se réfugient sur la base voisine de Potocari, où ils accueillent une partie de la population de Srebrenica fuyant les forces serbes de Bosnie, avant d'en fermer les portes.

Mais, submergés, ils permettent aux Serbes de Bosnie d'évacuer les réfugiés à l'intérieur de la base et en dehors. Les hommes et les garçons sont alors séparés et mis dans des bus, avant d'être abattus par petits groupes.

Les corps sont ensuite enterrés au moyen de pelleteuses. Certains cadavres seront souvent déplacés dans des charniers secondaires.

Sur les quelque 8.000 victimes du massacre de Srebrenica, environ 6.600 ont été retrouvées, identifiées et de nouveau enterrées.

La communauté internationale est régulièrement accusée d'avoir abandonné les victimes, notamment en n'approuvant pas les frappes aériennes demandées.

Vendredi, la Cour suprême des Pays-Bas a réduit la responsabilité de l'Etat néerlandais à 10% des dommages subis par les familles d'environ 350 musulmans qui s'étaient réfugiés à Potocari, contre 30% en appel deux ans auparavant.

- Procédures judiciaires -

Basé à La Haye, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a inculpé 20 suspects pour les crimes commis à Srebrenica. Le Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI) a pris le relais du TPIY après sa fermeture en 2017.

Quinze condamnations, dont cinq pour génocide, ont été prononcées alors que deux procès, contre trois hommes, sont toujours en cours.

PRINCIPALES CONDAMNATIONS:

- L'ex-chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic a été condamné en appel à la prison à perpétuité par le MTPI en mars 2019 pour génocide et crimes de guerre.

- Radislav Krstic, le général qui a dirigé l'attaque contre Srebrenica, a été le premier Serbe de Bosnie reconnu coupable de complicité de génocide. Sa condamnation à 35 ans de prison a été confirmée en appel en avril 2004.

- Le général Zdravko Tolimir, considéré comme le bras droit du chef des Serbes de Bosnie Ratko Mladic, a été condamné à la prison à perpétuité en avril 2015. L'ancien chef du renseignement et de la sécurité a été reconnu, entre autres, coupable de génocide. Il est décédé en février 2016.

- En janvier 2015, le TPIY confirme des peines allant de 13 ans d'emprisonnement à la prison à vie pour six anciens hauts responsables de l'armée et de la police, dont deux condamnations pour génocide.

PROCEDURES EN COURS:

- Surnommé le "boucher des Balkans", l'ancien chef Ratko Mladic, alter-ego militaire de Radovan Karadzic, a fait appel après avoir été condamné à perpétuité en novembre 2017.

- Jovica Stanisic et Franko Simatovic, l'ancien chef du renseignement serbe et son adjoint, ont été acquittés en mai 2013. La chambre d'appel du TPIY a toutefois ordonné la réouverture de leur procès en décembre 2015.

ACQUITTEMENT:

L'ancien chef d'état-major de l'armée yougoslave Momcilo Perisic, accusé d'avoir "aidé et encouragé" les Serbes de Bosnie à tuer et persécuter des musulmans, a été acquitté en appel en février 2013.

MORT PENDANT SON PROCES:

L'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic, également accusé pour le génocide de Srebrenica, est mort en détention le 11 mars 2006 dans le centre de détention du TPIY.