75e anniversaire des massacres de Volhynie: "ce fut un génocide" (Morawiecki)

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Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a qualifié mercredi à Varsovie de "génocide" le massacre de quelque 100.000 Polonais par des nationalistes ukrainiens dans la région de Volhynie (nord-ouest de l'Ukraine), lors du 75e anniversaire de la tuerie.

"Ce fut un crime incroyable, le crime terrifiant de génocide qui, à cette échelle-ci n'a pas eu de précédent dans l'histoire de la Pologne", a déclaré M. Morawiecki devant des responsables du gouvernement et des familles rassemblés devant le Monument du massacre de Volhynie à Varsovie.

La Pologne ne cesse de reprocher à l'Ukraine de n'avoir pas explicitement condamné ce crime comme étant un génocide.

Quelque 100.000 Polonais ont été tués entre 1943 et 1945 par des militants de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA). Le 11 juillet, jour culminant des massacres, est désormais commémoré en Pologne comme "journée nationale de mémoire des victimes du génocide de Volhynie".

Dimanche, le président polonais Andrzej Duda s'est rendu à Loutsk, ville de l'ouest de l'Ukraine à l'époque située en Pologne, pour rendre hommage aux victimes.

De son côté, le président ukrainien Petro Porochenko s'est recueilli côté polonais de la frontière, à Sahryn, devant un mémorial en hommage à quelque 600 Ukrainiens tués par des Polonais en réponse aux massacres.

Les historiens estiment qu'environ 20.000 Ukrainiens ont ainsi été tués.

Selon des médias ukrainiens, Varsovie a refusé une offre ukrainienne de commémorer ensemble les massacres de Volhynie.

Le massacre de la population polonaise de Volhynie n'était pas été évoquée officiellement à l'époque communiste pour ne pas nuire aux relations de la Pologne communiste avec l'URSS et la République socialiste soviétique d'Ukraine.

La droite conservatrice polonaise au pouvoir accorde à ce passé une place plus importante que les gouvernement libéraux précédents qui, pour ne pas envenimer les relations avec l'Ukraine qui frappe à la porte de l'UE, cherchaient un dialogue avec Kiev sur ce dossier.

En 2013, le parlement polonais dominé par les libéraux, avait qualifié la tuerie de "purge ethnique présentant des signes de génocide". En 2016, le parlement, dominé par la droite conservatrice, l'a qualifiée de "génocide".

Aux yeux des historiens ukrainiens, les représailles polonaises justifient qu'on mette sur le même plan les actes commis par les deux parties. Le président Porochenko a prononcé à plusieurs reprises la phrase "nous pardonnons et demandons pardon", et a déposé en juin 2016 à Varsovie une gerbe de fleurs devant le monument aux victimes polonaises en Volhynie.