Mali: 17 soldats tués dans une attaque revendiquée par deux groupes

2 min 53Temps de lecture approximatif

Dix-sept soldats maliens ont péri mardi dans l'attaque de leur base dans le centre du Mali, le gouvernement dénonçant une opération "terroriste coordonnée", revendiquée par deux groupes armés, un peul et un jihadiste.

L'attaque a été lancée mardi "à 05h30 (heure locale et GMT) par des individus armés dont l'identité reste à déterminer" contre le camp de Nampala, ville de la région de Ségou, à environ 510 km de Bamako, la capitale, selon un communiqué de l'armée malienne.

Les autorités avaient dans un premier temps évoqué "12 morts et une trentaine de blessés" parmi les militaires. Puis le ministre de la Défense Tièman Hubert Coulibaly a annoncé un bilan plus élevé: "Nous avons perdu 17 hommes et déplorons 35 blessés" à Nampala, a-t-il dit sur la télévision publique.

"Nous ferons en sorte que cette attaque terroriste coordonnée qui s'est portée sur nos positions à Nampala fasse l'objet d'une réponse appropriée", a assuré M. Coulibaly, indiquant que des spécialistes étudiaient les modes opératoires des assaillants et des groupes armés actifs dans la région pour les identifier.

Quelques heures auparavant, l'attaque a été revendiquée auprès de l'AFP par l'"Alliance nationale pour la sauvegarde de l'identité peule et la restauration de la justice (ANSIPRJ)", mouvement armé dont la création a été annoncée en juin et qui se défend d'être jihadiste ou indépendantiste.

Ce groupe a annoncé un bilan de huit tués et onze blessés parmi les soldats et de trois blessés dans ses rangs.

Des sources de sécurité dans la région ont exprimé à l'AFP des doutes sur l'authenticité de cette revendication, l'une d'elles précisant que l'ANSIPRJ n'avait "pas la logistique d'envergure pour mener seule une opération de cette nature".

Tard mardi soir, une autre revendication a été émise par le groupe jihadiste malien Ansar Dine dans un communiqué diffusé par SITE, le centre américain de surveillance de sites jihadistes.

Dans ce texte, Ansar Dine - fondé par l'ex-rebelle touareg malien Iyad Ag Ghaly - a affirmé avoir mené une "très grande attaque" contre la caserne de Nampala, tuant des "dizaines de soldats". Les assaillants sont membres du "bataillon du Macina", Macina étant l'appellation traditionnelle d'une partie du centre du Mali.

 

- Retrouver les assaillants -

 

Selon le ministre malien de la Défense, les forces maliennes tenaient Nampala mardi soir et procédaient à des opérations pour retrouver les assaillants.

Ansar Dine fait partie des groupes jihadistes ayant contrôlé pendant près de dix mois - de mars-avril 2012 à janvier 2013 - les régions du nord du Mali. Ils se sont installés dans ces vastes zones à la faveur d'une déroute de l'armée malienne face à une rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à eux et qu'ils ont ensuite évincée.

Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit actuellement, et implique la force de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma).

Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix entre le camp gouvernemental et l'ex-rébellion, censé isoler définitivement les jihadistes.

Longtemps concentrées dans le Nord, les attaques jihadistes se sont étendues à partir de 2015 vers le centre, puis vers le sud. 

Certaines de ces opérations ont été revendiquées par ou attribuées au Front de libération du Macina (FLM), apparu début 2015 et dirigé par un prédicateur radical malien, Amadou Koufa, un Peul. Ce dernier recrute essentiellement dans la communauté peule, selon des spécialistes. Il est allié à Ansar Dine. 

L'Union européenne (UE), disposant au Mali d'une mission qui entraîne l'armée de ce pays, a dénoncé mardi soir une attaque "inacceptable", qui "s'ajoute à la longue liste d'actes de violence ciblés contre des forces nationales et internationales".

Le parti de l'ex-Premier ministre malien Soumana Sacko, la Convention nationale pour une Afrique solidaire (CNAS), a aussi condamné l'assaut et a demandé aux populations "une plus étroite collaboration en matière de renseignement" avec les forces maliennes.

La CNAS, qui se dit équidistante de l'opposition et de la majorité, "invite les autorités compétentes à procéder à une évaluation sérieuse de l'efficacité des programmes de formation" de l'armée malienne "à la lumière des menaces immédiates et futures" contre la sécurité dans le pays.